Chroniques littéraires

Lacrum – Ceux d’en haut, Caroline Zurawinski

Autrice : Caroline ZURAWINSKI
Genre : Science-Fantasy / Anticipation
Nombre de pages approximatif : 380
Marathon Editions
(Décembre 2023)
Disponible sur le site de la maison d’édition

« Lacrum, la ville qui donne sa chance à tous, la ville qui permet à ses habitants de réaliser la carrière artistique de leurs rêves.
Grâce à la puce de connexion implantée sous son œil, chaque Lacrimien peut prendre des photos et des visions sur le vif et les partager sur le Globe, le réseau social de la ville. Avec un peu de chance, elles peuvent leur apporter la notoriété et les propulser dans leur carrière.
Souhaitant devenir écrivain, Suu tente tant bien que mal d’être populaire jusqu’à ce qu’un incident vienne anéantir ses rêves. Elle se voit alors appliquer la punition d’Invisibilité. Comment survivre dans un monde où ne compte que le paraître ? Et si les possibilités étaient plus importantes qu’elle ne le soupçonnait ? »


2copmia Mon avis :

Premier article de 2024, et premier article depuis plus d’un mois (oups).
Non, je ne suis pas disparue, mais j’ai ressenti le besoin de faire une petite pause 💦

J’aime énormément animer ce blog et je lis toujours aussi assidûment, mais comme je jongle avec mon boulot d’indépendante et une foule de soucis personnels, j’avoue que lever un peu le pied m’a fait du bien.

J’espère que vous avez passé de belles fêtes de fin d’années et que vous avez été gâté-e-s en livres 🙄
Je vous souhaite aussi mes meilleurs vœux pour la nouvelle année 🎆 Puisse-t-elle être synonyme de douceur, de découvertes – et de santé bien sûr !

Pour ma part, je commence l’année avec une chronique sur un titre qui se veut lumineux… idéal ! Mais, on le sait, le vernis de l’utopie cache souvent des choses moins reluisantes…
C’est exactement le cas avec Lacrum – Ceux d’en haut, le tome jumeau du roman Prodigis – Ceux d’en dessous, que j’avais chroniqué en fin 2023.

Le résumé présente une ville merveilleuse où l’on peut s’épanouir dans le domaine de son choix, où la couverture reflète de la lumière et de la chaleur. Et pourtant : ce « réseau social » qui est mentionné et cette « punition » d’invisibilité insinuent une ombre au tableau qui m’intriguait – curiosité que j’avais depuis la fin de ma lecture de Prodigis qui mentionnait la ville de Lacrum par ailleurs !

L’intrigue nous plonge donc aux côtés de Suu, une jeune adolescente moyenne : elle n’est pas extraordinaire du point de vue de sa société qui prime la célébrité et la popularité, mais n’est pas inintéressante pour autant.
Notons que la jeune fille souffre de sa position médiane : bien qu’elle sache la valeur de sa passion, de son talent, le fait que cela ne soit pas reconnu par autrui – ses publications sur le Globe ne suscitent que peu de réactions malgré son acharnement – elle désespère… Voire jalouse d’autres qui réussissent.

Le thème des réseaux sociaux dans les utopies n’est pas neuf, mais j’ai aimé le développement offert dans ce roman. Il s’intéresse de très près à la psychologie d’une adolescente qui se trouve confronte à la course aux « j’aime », le besoin de se montrer et de se créer une image, la toxicité de la comparaison dans sa vie et ses relations, l’effet de la frustration sur elle-même. La sanction qui la rend « invisible » en dit long également…

Aussi les notion d’artifice, de faux-semblants et de mensonges sont évoquées par un biais qui, sans être nouveau encore une fois, s’incarne dans les prises de conscience et mésaventures de la protagoniste. Elle découvre ce que c’est de vivre avec des œillères. Littéralement.
La société fabuleuse qui prône les arts perd peu à peu de sa brillance et gagne par petites touches discrètes les symptômes d’une dictature, avec ses règles, ses interdits et ses manipulations.

Une porte, dans cette utopie qui vire de bord, s’ouvre avec un ailleurs qui est présenté comme une échappatoire. À moins que ce ne soit un autre leurre tendu à Suu ?
Innocente du fait du bain de cerveau administré aux habitants de Lacrum et facilement influençable, elle va régulièrement devoir créer ou réviser son opinion tout au long de l’histoire.
Elle est tiraillée par ses convictions, par son caractère propre qui se déploie au fur et à mesure. Elle ne sait régulièrement plus à qui se vouer, qui elle trahit et qui elle veut protéger en faisant certains choix.

À titre personnel, et je pense que c’est la seule remarque « moins positive » que je puisse émettre, j’ai noté qu’il y avait parfois quelques répétitions « extradiégétiques » ? – du type « et elle sut que rien ne se passerait comme prévu » ou autres dérivés, qui amorçaient le suspense de façon un peu trop marquée, ou du moins, pas trop subtilement. Quelques actions et surprises sont aussi un brin prévisibles et Suu mérite souvent d’être secouée pour qu’elle ouvre les yeux, mais l’ensemble reste bon !

La fin est peut-être un peu frustrante, couperet un peu trop soudain dans la narration. Le suspens promet un second tome, mais c’était un peu brusque à mon goût…

Les thématiques ne sont donc pas exactement fraîches, mais le biais – la technologie particulière de Lacrum, son fonctionnement reposant sur les arts, le développement par le regard d’une adolescente, les rendent intéressantes.
Je dirais que j’ai préféré l’originalité de Prodigis, mais le fait de connaître l’autre versant de l’univers m’a beaucoup plu !

Retrouvez aussi ma chronique sur le tome « parallèle » de cet univers : Prodigis – Ceux d’en dessous !

N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en pensez ou si vous l’avez lu clin-doeil-coeur

Laisser un commentaire