Chroniques littéraires

Les Chroniques de Guensorde – Tome 1 : Le Sceptre et la Lancette, Tom Larret

Autrice : Tom LARRET
Genre : (Dark) Fantasy / Adulte
Nombre de pages approximatif : 480
Autoédition
(Janvier 2022)
Disponible sur Amazon

« Depuis plus de mille trois cent ans, les Dieux ont laissé le royaume de la Terre aux rois Divins, qui se succèdent pour régner, du haut de leur terrifiante puissance, sur l’immense territoire de Guensorde. Même si les Seize veillent encore d’un œil languide depuis les cieux, aujourd’hui, le souverain devant qui Humains et Incarnés doivent s’agenouiller, c’est Anverion l’Obscur.

Mais tout le monde ne s’agenouille pas de bonne grâce. Depuis les révoltés de l’Ouest contre qui le divin monarque a pris les armes, jusqu’à une doctoresse insolente officiant au sein de sa propre armée, la contestation frémit de toutes parts.

Et qui ploie le genou dans la lumière, mais prévoit dans l’ombre d’abattre le Dieu Roi ?

Contre tant d’insoumis, la divine monarchie de Guensorde sombrera-t-elle dans le chaos ? »


2copmia Mon avis :

Nouvelle chronique, nouvelle lecture !

La météo versatile de ces derniers jours est un étrange mélange de ciel sombre et de rayons de soleil sauvages, ce qui donne parfois des ambiances bizarres. (Ça me perturbe quand je travaille – je dois monter et descendre la luminosité de mon ordi parce que je ne vois plus mes textes une fois sur deux 😂 mais j’adore quand je lis/écris à la main !)

Et, petite transition héhé, la lecture du jour a justement un petit quelque chose de versatile dans son ton, mais je vais y revenir juste après !

Les Chroniques de Guensorde, ou en tout cas son premier tome, présente un résumé dont j’aimais beaucoup la tournure ! Un intéressant parfum de mystère et de rébellion qui se profile me parlait pas mal 👀

Les premières pages ouvrent le roman d’une façon très curieuse : pour peindre rapidement le cadre, nous sommes sur un champ de bataille, moitié charnier moitié ruines.
Or c’est là que les deux personnages auxquels font référence le titre apparaissent alors.
D’un côté Anvarion, superbe et puissant, qui est du camp victorieux. De l’autre, Aldanor, soucieuse, côté vainqueurs aussi mais qui doit ramasser les pots cassés (et ils sont nombreux) – car médecin de son état.

D’emblée, un contraste, un parallélisme se dessine entre les deux. Le premier est sombre malgré ses cheveux d’or, suffisant, ironique et pervers, bestial ; la seconde est douce, humaine, franche et droite, positive malgré les horreurs.

Deux choses importantes pour le reste de l’intrigue sont ainsi introduites : cette opposition que je viens de mentionner et l’importance des sciences médicales.

J’ai vraiment aimé ce dernier point : en accord avec la dimension épique – nous suivons une armée en pleine guerre, en plein mouvement de conquête, on va donc trouver le pendant réaliste et complémentaire des blessures, maladies, et autres tracas d’importances diverses 💉
Les interventions sont faites dans un cadre non moderne, mais les approches d’Aldanor le sont résolument. C’est étonnant, mais le fait que cela s’insère sans détonner dans l’univers m’a beaucoup plu 😮

Je parlais plus haut de versatilité dans la narration : elle tient au fait que l’histoire balançait violence/dureté et… Comment dire ?
Il y avait la verve d’Aldanor et ses bavardages, un brin de romance avec Morgiane notamment, de l’humour un peu « bas » (grivois) par-ci par-là. Quelque chose qui se veut soit drôle, soit léger donc. Un peu en décalage en tout cas. (Même s’il arrivait que des personnages soient plus agaçants qu’amusants 🙄)
Et en face : tout ce que l’autrice pointe à juste titre dans ses avertissements car thématiques pouvant heurter la sensibilité (TRIGGER WARNINGS), à savoir ❌ viol, avortement, prostitution, sang, meurtre et torture ❌ et tutti quanti.

J’ai dans un premier temps été gênée par la place que prenait le thème sexuel, je l’avoue d’ailleurs.
Je n’aimais pas, certes, mais la question a sa place dans le contexte du roman. Il s’accordait à la mentalité choisie pour quelques-un(e)s et l’on ne s’y attardait pas pour le plaisir – c’était même le contraire : c’est banal dans le contexte, et j’avais conscience que ce n’était pas une bonne chose. (Alors que dans certaines dark romances contemporaines, les travers problématiques sont montrés comme des comportements attirants… voyez la différence 😐)

À cela s’ajoute un important climat de complots et manigances politiques – dont un des pans, présenté mystérieusement tout au long de l’intrigue a piqué ma curiosité.

Bref, du très sombre, voire choquant. Du libidineux. Btw, exemptée une micro-romance (enfin deux si on compte un couple déjà établi), il ne faut pas s’attendre à voir une belle histoire d’amour. Pas du tout.

Pour autant, l’affrontement entre Anvérion et Aldanor est purement délectable. Sans être de l’amour, sans être tout à fait sain, quelque chose toutefois n’a de cesse de les faire s’entrechoquer, de les rapprocher et de les déchirer. Il y a une lutte continuelle qui mue petit à petit, quoique Aldanor refuse de rendre les armes face à l’insupportable roi.

L’intrigue évolue donc lentement, au fur et à mesure de la progression de l’armée que nous suivons. À plusieurs endroits, la narration se suspend pour nous livrer des informations sur les personnages, la politique ou l’Histoire voire la religion.

Un peu trop longtemps par moments. Cela faisait beaucoup de choses à digérer.
Je note à cet endroit aussi que parfois, la focalisation sur un point de vue glissait à un autre trop subtilement pour moi : si un personnage A regarde au loin et laisse dérouler ses pensées jusqu’à un personnage B, il arrivait que tout à coup on se retrouve dans les pensées de B et sue l’on se lette soudainement à regarder à travers ses yeux. Alors qu’il/elle est loin de A.
Le changement de décor, de situation et de pensées n’étaient donc pas forcément facile à rattacher. Le tout est de comprendre et prendre le pli 🤔

Enfin, malgré ces quelques longueurs, j’aimerais souligner la plume. L’autrice a une syntaxe propre, un rythme propre. Le vocabulaire est plutôt riche. Et j’apprécie !

En résumé, je dirais que cette lecture est définitivement particulière. J’ai aimé que ce soit une fantasy « en marche » : deux royaumes ne s’affrontent pas, on SUIT une armée et ses actions au gré de sa trajectoire. J’ai aussi une affection pour le personnage d’Aldanor, pour sa résilience et ce qu’elle incarnait avec la médecine !
Aussi, plutôt discret dans ce tome 1 mais qui va peut-être se déployer pleinement dans la suite, le fil ténu d’un complot en germe m’a pas mal tenu en haleine…

Je noterai toutefois que ce roman n’est pas à prendre à la légère : sa part d’ombre avec ses nombreux thématiques délicates pour un public sensible, ses personnages pleins de vices et sa teneur d’explicite ne seront peut-être pas au goût de tout le monde.

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