Chroniques littéraires

Malgré Ma Mort, Onir Ynao

Autrice : Onir YNAO
Genre : Fantasy urbaine | Novella
Nombre de pages approximatif : 100
Editions Le Labyrinthe de Théia (Février 2023)
Disponible sur le site de la maison d’édition en différents formats

« Depuis ses seize ans, Alexandra a perdu toute envie de vivre.
Depuis ses seize ans, Alexandra rêve du jour où elle va mourir. Des rêves précis, parfois changeants. Quelques détails, une ambiance…
Depuis le premier jour, elle cherche à disparaître le plus discrètement possible pour protéger ses proches, persuadée de son destin funeste. Mais ses certitudes vont être bousculées par deux rencontres inattendues. Deux rencontres qui, malgré sa mort annoncée, vont lui redonner de l’espoir.

Malgré Ma Mort est la porte d’entrée d’un univers plus large : Dwergenh. Il ne tient qu’à vous de la pousser pour découvrir les merveilles de ce monde. »


2copmia Mon avis :

Le résumé de cette novella aux accents fatalistes, avec ce troublant rêve prémonitoire, mais néanmoins doublé d’une pointe d’espoir, avait piqué ma curiosité lorsque je l’avais rencontré ! Cela sentait comme un parfum de tragédie… avec un potentiel twist ?

Avant même de parler du texte lui-même, j’aimerais souligner la pertinence de la mention des trigger warnings dès les premières pages de l’ouvrage. C’est une très belle attention !
Juste une petite note : les éditions du Labyrinthe de Théia font apparaître au dos du livre et via quelques rappels à l’intérieur des notes au sujet des contenus sensibles. Je trouve également très important que vous ne vous trouviez pas avec une histoire qui puisse vous déranger aussi je vous laisserai un peu plus loin dans cette chronique les principaux avertissements — que vous serez libres de regarder ou non (il vous suffira de surligner la ligne si vous souhaitez les rendre lisibles) 😊

La novella nous offre un premier shot d’adrénaline en nous faisant entrer directement dans l’étrange rêve de la protagoniste. Et d’emblée, nous sommes invités à partager son angoisse, sa tension, son stress, notamment via la narration à la première personne et au présent.

La jeune femme que nous découvrons dès lors s’est complètement renfermée sur elle-même depuis la première fois qu’elle a éprouvé cette expérience nocturne. Elle est minée par ce songe (cette vision ?) qui la harcèle, d’autant plus fort qu’elle croit en ce cauchemar, qu’elle croit en sa fin programmée et inéluctable.
Alexandra baigne ainsi dans un pessimisme extrême, oscille entre indifférence pour le monde extérieur et terreur profonde (voire paranoïa par moments). Elle doit avancer dans sa vie – elle entre dans les études supérieures, s’éloigne de sa mère – mais elle le fait sans entrain, sans conviction, sans espoir. « Car à quoi bon…? »
Ses pensées sont très sombres et la lecture peut revêtir une teneur assez pesante (d’où, selon moi, la nécessité d’avoir connaissance des TW 😣) donc il faut s’accrocher…

Ce qui est clair et net pour moi, c’est que cette lecture fait montre d’une atmosphère oppressante aussi efficacement qu’un thriller. La novella ne met pas en scène des éléments glauques ni horrifiques, mais elle contient une forte dose de sentiments négatifs et pensées noires qui peuvent gêner. La protagoniste ne se sent pas bien, or la narration nous transmet sa peur, son malaise, sa douleur.
TRIGGER WARNINGS à signaler dépression, mort, suicide

Comme je disais en introduction de cette chronique, j’ai aussi effectivement retrouvé beaucoup de la tragédie grecque. Comme lorsque Œdipe apprend par l’oracle qu’il est destiné à tuer son père et épouser sa mère et qu’il fuit, tente de tout faire pour éviter la prémonition de ce réaliser – avec le succès que nous savons.
Ici, Alexandra agit sensiblement pareil : bien qu’elle soit certaine de sa mort, elle ne peut s’empêcher de se débattre d’une certaine manière en essayant de déjouer le scénario du songe qui l’habite.
Dans son désespoir, il y a une minuscule pointe d’espoir…

Par ailleurs, les rencontres mentionnées sur la quatrième de couverture sont, à mon sens, les deux seuls événements majeurs, hormis la fin, bien entendu. L’intrigue est avant tout centrée sur la tempête intérieure et l’érosion psychologique de la protagoniste, à laquelle il est difficile de ne pas être sensible. Il y a peu de grandes actions, de grandes péripéties, loin de là. Le côté (urban) fantasy ne semble transparaître que dans la régularité et la clarté du rêve (prémonitoire ?) car le sujet est davantage cette jeune fille rongée qui se délite au fur et à mesure du temps à cause d’une certitude malsaine.

La novella se compose donc d’autant de spleen, ce sentiment de pesanteur déprimante et asphyxiante, que de petits sursauts de vie. On distingue la route vers la « mauvaise fin » mais on prie aussi pour qu’une voie vers une « bonne fin » soit envisageable…

Enfin, je voudrais noter que j’ai trouvé l’épilogue un brin… étrange ? dissonant ? Il tranchait avec le ton de l’intrigue qui était touchante, sombre et réaliste dans l’ensemble. S’il marque le passage promis vers un monde étendu (Malgré ma mort est « la porte d’entrée vers un monde plus large : Dwergenh » ainsi que le présente la quatrième de couverture), cet ultime chapitre m’a un peu sortie de ma lecture (qui m’avait serré le cœur) du fait de l’apparition de nouveaux personnages, de nouvelles notions, de l’inclusion plus franche du fantastique/de la magie notamment.

En résumé, il s’agit d’une courte lecture très forte et sombre, très psychologique et peu fantastique dans un premier temps, mais dont les dernières pages tendent à proposer un regard différent sur les événements en vue d’une série à venir.

N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en pensez ou si vous l’avez lu clin-doeil-coeur

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