Chroniques littéraires

Les Silencieuses, Arthur Caché



Auteur : Arthur CACHE
Genre : Thriller
Nombre de pages approximatif : 400
Editions Nouvelles Plumes (2020)

« Quelles vérités êtes-vous prêt à entendre ?
La vie est une pièce de théâtre et Paula en sera le premier rôle. Ainsi en a décidé celui qui s’est baptisé le Metteur en scène et vient de kidnapper Marc, le compagnon de la jeune femme.
Pour le revoir vivant, Paula doit suivre ses consignes à la lettre. Une quête haletante à travers Paris, alors que s’y prépare une manifestation d’envergure contre les violences faites aux femmes…
Les militantes le savent, Paula va bientôt le découvrir : la vérité n’est jamais sans danger. »


2copmia Mon avis :

Merci à l’auteur pour sa confiance pour ce service presse 🌻

Comme toujours, j’adore m’attarder sur le résumé et celui-ci me plaisait beaucoup parce qu’on retrouve deux événements évoqués sans lien apparent : un enlèvement – élément plutôt courant pour le genre du roman noir – et une manifestation qui invoque un thème à la fois délicat et difficile avec la problématique des violences faites aux femmes. Une mise en parallèle qui m’intriguait, à laquelle s’ajoutait ce « metteur en scène » bien mystérieux.

Le prologue sans contexte qui nous accueille m’a tout de suite « agrippée » : qui sont les personnages, de quoi est-il question, que se passe-t-il ? Pas de réponses immédiates, car on s’intéresse ensuite à la protagoniste, Paula, sans passerelle entre les deux… mais on laisse de quoi laisser le lecteur mijoter des hypothèses en attendant d’avoir le fin mot de cette introduction énigmatique.

On rencontre donc celle qui deviendra le personnage central du roman, mais aussi de « la Pièce » : on découvre Paula, jeune femme déterminée avec de l’autorité, qui tient les rênes de sa vie avec assurance, quoique sa grossesse entamée ne lui fasse pas de cadeaux. Sa détermination et son équilibre sont néanmoins ébranlés lors de la découverte d’une lettre mêlant avertissement et défi et déclarant l’enlèvement de son compagnon.
J’ai dit « ébranlés » et non « balayés » car la jeune femme ne s’effondre pas comme une demoiselle en détresse mais cherche immédiatement à comprendre la raison de cette « Pièce », à remuer ciel et terre pour retrouver son conjoint. Et c’est bien plus chouette ainsi !
Nous avons notre premier personnage mais d’autres rejoindront Paula. Les personnalités qui devront faire chemin avec elles sont définitivement troubles et les secrets qu’ils portent m’ont personnellement longtemps fait hésiter. Sont-ils vraiment des alliés ? L’auteur met notre patience à l’épreuve en jouant sur les mystères dissimulés des uns et des autres pour faire flancher notre opinion dans un sens et dans l’autre et alimente nos doutes…

L’emprunt à la dramaturgie et à l’univers de théâtre à travers les mises en scène du « Metteur en scène » et le champs lexical des lettres est une idée que j’ai particulièrement appréciée. Les lettres sont des ordres énigmatiques, Paula semble devenir la marionnette de ce maître (maître chanteur ? maître du jeu ?), sa mission et son chemin semblent tracés d’avance et son parcours apparaît comme une volonté de se débattre pour fuir la mainmise du corbeau et découvrir la vérité.
J’ai vraiment aimé ce jeu de pistes sous contraintes, d’autant plus que l’auteur du roman nous trompe nous aussi en nous donnant des indices (pour mieux nous pousser volontiers dans des pièges et nous surprendre par des révélations inattendues !). Je me suis sentie aussi manipulée que Paula, somme toute…

Autre point de la narration qui m’a définitivement plu : la manifestation mentionnée dans la quatrième de couverture. En parallèle des recherches de Paula, l’organisation de l’événement par un autre groupe de personnages progresse, étape par étape. L’avancée du projet se construit face à l’avancée de la jeune femme dans son enquête sans que nous n’ayons de fil clair pour dessiner le rapport entre la progression de l’un et de l’autre groupe.
Il se tisse pourtant lentement ; des petits éléments glissés l’air de rien trouvent sens et surtout : le roman se construit de telle sorte qu’il gagne en intensité dans les derniers chapitres et apporte le dénouement comme une apogée où l’on lève le voile sur les pourquoi, les comment. Les vérités encore tues éclatent. Une vraie apothéose ! C’était tout bonnement excellent.

En résumé, il s’agit d’un roman noir plein de coups de théâtre et de tension, de rebondissements et de personnages plus que variés, et où la protagoniste brille par sa détermination. Enfin, j’en ai peu parlé mais la problématique des violences faites aux femmes n’est pas qu’un thème passager et providentiel, elle se pose depuis les coulisses, pour finir par être mise sur le devant de la scène narrative avec justesse. Ce roman parle définitivement de choses difficiles, auxquelles j’ai été sensible, en donnant la parole à des personnages féminins victimes dont les témoignages – fictifs ici – qui n’en sont pas moins cruellement réalistes.

N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en pensez ou si vous l’avez lu clin-doeil-coeur

Laisser un commentaire